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Amoureuse d'un connard

La mémoire des héroïnes : les souvenirs qui font mal

Le sujet de la mémoire est très présent dans mes histoires. A la fois parce qu’il sert à naviguer dans le temps, dans le passé, à construire le vécu de mes héroïnes. C’est aussi un sujet bien propice à évoquer des souffrances et douleurs diverses. Enfin, à travers les liens construits ou subis dans les familles, la mémoire permet d’évoquer les thématiques de maternité ou de filiation de différentes manières.

La mémoire des héroïnes : les flashs-back dans les histoires

La thématique de la mémoire chez mes héroïnes amène plein de possibilités dans les histoires. Cela crée des passerelles entre le présent et le passé. C’est aussi une part de mystère qui se joue quand on évoque un vécu sans tout exposer. Enfin, avec les souvenirs, j’ai la possibilité d’amener des émotions vives, positives ou non.

Lier le passé au présent

Quand je joue avec la mémoire de mes héroïnes, c’est une façon de créer un lien entre leur passé et leur histoire dans le présent. La thématique des souvenirs permet de faire des bonds dans le temps en gardant le rythme de l’histoire. J’avoue y avoir souvent recours plutôt que de construire des chapitres dans une autre période temporelle de récit.

En parlant de la mémoire des héroïnes, je leur crée aussi un passif. C’est à travers cette thématique que les personnages peuvent avoir une histoire autour du récit strict de mon intrigue. Ils ont eu une vie avant l’épisode raconté dans mon roman. Amener leur passé par petites touches donne un peu plus de caractère aux héroïnes.

Le côté mystérieux : qu’est-il arrivé à cette héroïne ?

Avec la thématique de la mémoire des héroïnes, je peux aussi amener une teinte mystérieuse à leurs histoires et à leurs passés. Tous les aspects n’ont pas à être dévoilés tout de suite. Et la mémoire peut même leur jouer des tours. Je peux faire revenir des épisodes au compte goutte ou en faisant écho à un sujet précis de l’histoire au présent.

Finalement comme chacun d’entre nous : au quotidien nous ne sommes pas harcelés par nos souvenirs, qui sont nombreux et qui concernent plein de sujets différents. Toutefois dès qu’on vit un événement qui nous rappelle quelque chose que nous avons déjà vécu, ils reviennent. C’est un peu la même chose pour la mémoire de mes héroïnes mais j’en joue un peu plus.

mémoire des héroïnes - souvenirs histoire passée

Bonheurs et douleurs passés, une question d’intensité

Raviver des souvenirs c’est revivre les émotions qui vont avec. Cet aspect est plus vrai avec les douleurs du passé plutôt qu’avec les bons souvenirs. C’est pourquoi la thématique de la mémoire de mes héroïnes est un vecteur d’émotions intenses dans mes histoires. Dans “Amoureuse d’un connard”, Amélie est tour à tour prise au piège d’un passé douloureux puis empêchée dans sa vie à cause d’une mémoire défaillante.

Dans les deux cas, c’est les événements douloureux qu’elle ne veut pas revivre qui sont au cœur de ses problèmes. Elle tente une fuite en avant désespérée pour tromper sa mémoire. Ensuite c’est sa mémoire qui s’enfuit et l’empêche de subir la douleur des souvenirs.

Les mauvais tours joués par la mémoire des héroïnes

La mémoire est la cause de souffrance pour mes héroïnes : quand elle entretient la douleur, quand elle s’efface. J’en parle sous différents aspects avec chacune d’entre elles.

Une peine aussi intense dans les souvenirs qu’au présent

Il paraît que notre cerveau ne fait pas la différence entre une émotion “en direct” et le souvenir d’une émotion. Lorsque la mémoire fait revenir un événement passé intense, on le revit intensément. J’avoue, j’ai beaucoup usé de cet aspect de la mémoire des héroïnes dans leurs histoires et ce, surtout pour Amélie dans “Amoureuse d’un connard”, mais aussi, dans une moindre mesure pour Anita dans “La chute et l’envol” et Salomé dans le roman éponyme.

L’intensité des émotions issues des souvenirs porte plus souvent sur des douleurs passées et moins sur des bonheurs passés. Quand la mémoire de mes héroïnes entre en jeu sur ces sujets, c’est souvent pour les faire souffrir. Oui, je suis sadique avec mes personnages… mais c’est pour donner plus de relief à leurs histoires !

Quand la mémoire s’efface pour mieux supporter la réalité

Amélie perd la mémoire. Est-ce pour ne plus subir son passé ? Est-ce que son propre cerveau la protège ainsi ? Beaucoup de pistes, pas de réponse, mais un constat : la douleur change alors de camp. Pour les proches, pour ceux qui sont “oubliés”, la souffrance de la perte de mémoire de quelqu’un est terrible. Heureusement pour mes personnages, le mal peut être pris en charge.

C’est le passage d’“Amoureuse d’un connard” qui a été le plus intense : parler du malaise des proches, qui savent la nature des événements dont Amélie a perdu le souvenir ; et trouver la bonne façon de faire revenir la mémoire de mon héroïne. C’est un peu la même thématique qui est traitée avec le déni de Salomé. Elle a une mémoire extraordinaire et peut tout apprendre facilement. Pourtant, quand elle vit des événements qui pourraient renverser son existence, son cerveau refuse de voir et de comprendre la réalité. Le moment venu la mémoire fait son travail de messager avec les émotions intenses qui l’accompagnent.

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Oublier : une autre forme de souffrance

Dans la perte de mémoire, il y a la souffrance que la situation créée en elle-même. Ce ne sont plus les souvenirs qui sont douloureux mais l’impossibilité de vivre un présent plein et entier. L’amnésie d’Amélie est l’exemple même de ce sujet : la peur, l’absence de repères, les tentatives désespérées pour retrouver des morceaux de son passé.

Sur un tout autre registre, quand Tín, dans “Une autre vie”, est angoissée par l’idée d’attendre un enfant, c’est l’absence de mémoire collective qui est à l’origine de cette situation. Pas de savoirs, pas de repères, et l’absence de mémoire pour mon héroïne provoque sa plongée dans l’inconnu.

La mémoire des héroïnes et les liens familiaux

Dans mes histoires, les liens familiaux sont très présents. La question de la mémoire des héroïnes est donc très liée à leurs familles.

Souvenirs maternels

Plus quelque chose est précieux, plus sa perte est douloureuse. C’est sur ce postulat qu’est construite une partie de l’histoire d’Amélie. Dans “Amoureuse d’un connard”, la mémoire de l’héroïne est son pire bourreau. Qu’elle soit présente ou que l’amnésie la prive de souvenirs, aucune situation n’est enviable.

Une mère emporte avec elle les souvenirs qu’elle construit avec ses enfants. Ils l’accompagnent ensuite toute sa vie. Amélie matérialise cette idée en marquant dans sa peau le bonheur puis la douleur que son passé lui a fait subir en lien avec sa maternité. Je crois que le rapport mère-enfant crée des souvenirs très forts, très marquants. Et quand ceux-ci sont tristes, les émotions qui en découlent sont d’autant plus violentes.

Mémoire collective et maternité

Tín, mon héroïne enceinte issue d’un peuple sans mémoire collective sur le sujet, est face à l’inconnu. Là-aussi, d’une manière différente, c’est le rapport à la famille et à la mémoire qui complique la situation. Quand les Terriennes ont toujours pu compter sur l’expérience de leurs aînées pour envisager la maternité, mon héroïne d’une autre galaxie est démunie.

Dans leur situation, mes héros se sont tournés vers la mémoire et les connaissances des Terriennes. Si la solution ne se trouve pas chez les tiens, elle est peut-être ailleurs. En cela il y a une solidarité féminine qui permet de pallier le manque de connaissances de mes héros. Avec eux, on étend surtout la notion de mémoire aux savoirs en général. Et ceux-ci peuvent se trouver dans bien des endroits.

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Passé ou lourd passif

Dans “La chute et l’envol”, mon héroïne n’a pas de problème de mémoire. Dommage pour elle. Son passé est un lourd passif qu’elle tente de fuir en essayant de se construire une vie à son image. Avec cette héroïne, je me suis une nouvelle fois adonné à mon sadisme d’auteur. Et ses souffrances ont, là aussi, un rapport avec les liens familiaux.

Anita et ses compagnons ont ce point commun : la famille qui a créé des souffrances mentales. Et même en ayant coupé les ponts, la mémoire de chacun fait son job de tortionnaire. La mémoire de mes héros est là pour faire revenir les douleurs, les scrupules, le passé difficile de chacun. C’est plus développé dans le roman qu’ici mais pour faire court : c’est parce que ce sont des liens familiaux que ces maux sont plus forts et indélébiles.

Pour une autre de mes héroïnes, Salomé, j’ai fait de sa mémoire fabuleuse son super-pouvoir. Même si elle-aussi a des souvenirs qui reviennent avec beaucoup d’intensité, c’est sa capacité d’apprentissage folle qui lui permet d’être la femme engagée et touche à tout qui pourrait changer le monde !

On en discute ? Laisse-moi ton avis, avant ou après lecture d’Amoureuse d’un connard, l’histoire qui parle d’amour, de cordes et de mémoire !